L’ÉCONOMIE D’UNE VIE VIRTUELLE
PASCAL WOLFF
Le métavers possède sa propre économie virtuelle basée sur les cryptomonnaies par l’intermédiaire des blockchains. Celles-ci interviennent dans les transactions afin que les utilisateurs puissent échanger, vendre ou acheter entre eux. L'intérêt pour les cryptomonnaies réside en grande partie dans la recherche de profits, les spéculateurs faisant parfois grimper les prix de façon spectaculaire
Vêtements, maisons, œuvres d’art, activités diverses, de nombreuses affaires peuvent être réalisées dans le métavers. C’est lors de ventes ou d’achats que les cryptomonnaies (par l’intermédiaire des blockchains) interviennent. Grâce à cette mon-naie, les utilisateurs peuvent échan-ger entre eux et par conséquent par-ticiper à cette économie virtuelle.Il existe différentes cryptomonnaies telles que le Bitcoin, l’Ethereum,Binance Coin, Ripple, Cardano... Elles sont particulièrement nombreuses.L’univers de la cryptomonnaie pos-sède son propre jargon qui déso-riente facilement les non-initiés : coins, tokens crypto, tokens non fongibles (NFT), tokens de mar-chandise (...), des mots utilisés uni-quement dans le monde virtuel.Les cryptomonnaies, appelées« crypto-actifs » par – entre autres –les autorités de marché financier, sont des actifs numériques virtuels qui reposent sur la technologie de la blockchain1 à travers un registre décentralisé et un protocole infor-matique crypté. La cryptomonnaie n’est pas une monnaie telle que l'on peut la définir dans le monde réel, et sa valeur se détermine uniquement en fonction des échanges, entre l’offre et la demande. LES CATÉGORIES DE CRYPTOMONNAIEIl existe plus de 1 300 cryptomon-naies à ce jour qui sont regroupées en deux catégories : le coin (pièce) et le token (jeton).
• Le coin (ou altcoin) désigne toute cryptomonnaie qui utilise sa propre blockchain indépendante. La plus connue – le Bitcoin (BTC) – a été créée en 2009, et est la première application de la blockchain qui en a justifié la création. Elle possède sa propre infrastructure.
• Le terme altcoin2 désigne tous les coins autres que le Bitcoin. La plu-part des altcoins fonctionnent de la même manière que le Bitcoin avec leur propre indépendance, certains offrant un nombre illimité de coins dans leurs transactions alors que le Bitcoin est, lui, plafonné à un nombre de 21 millions, ce qui laisse déjà une belle place à l'investissement.
• Le tokenest un actif non-natif, lié ou non à une cryptomonnaie. Il utilise une infrastructure block-chain qui n’est pas la sienne, contrai-rement au coin. Ce jeton numérique est transférable numériquement entre deux personnes.Il est facile d’en obtenir, soit en s’inscrivant sur une plateforme de trading dédiée aux cryptomonnaies. Il pourra ensuite être conservé dans un wallet3 et utilisé pour des tran-sactions, soit en participant à des levées de fond pour financer un pro-jet, soit devenir mineur de crypto sur une blockchain qui est récom-pensé par des tokens crypto.
QUELLE CRYPTOMONNAIE PRENDRE ?
Il n’y a pas que le Bitcoin qui existe. Même si celui-ci affichait la plus forte capitalisation boursière, avec 896 milliards de dollars US en jan-vier dernier, d’autres cryptos ont le vent en poupe telle Ether (ETH) qui utilise sa propre blockchain avec un nombre illimité de création de coins ou Binance Coin (BNB), née de la plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies au monde en 2022 avec des frais de transaction réduits pour les utilisateurs qui se paient avec cette cryptomonnaie. Vous voulez trader rapidement, Solana (SOL) est faite pour vous et peut exécuter 50 000 transactions par seconde, une plateforme par-ticulièrement attrayante pour les investisseurs. IMPT est une crypto-monnaie prometteuse utilisant une blockchain face aux émissions car-bone, Lucky Block (LBLOCK) pour ceux qui ne peuvent se passer de loteries ou de jackpots.Comme vous le voyez, chaque cryptomonnaie a donc ses proprespropriétés.
RÉGULATION DES CRYPTO-ACTIFS
Un nouveau cadre international en cours d'élaborationSelon le Haut-conseil de stabilité financière français (HCSF)4, il doit y avoir une réglementation des crypto-actifs coordonnée au niveau interna-tional. Elle est nécessaire pour jugu-ler le risque systémique potentiel. Après les réglementations euro-péennes MiCA et TFR5 où les acteurs de l'industrie blockchain de l'Union européenne devront se conformer à une série de dispositions dès 2024 en encadrant plus strictement les crypto-actifs (comme l'interdiction totale pour les entreprises de rému-nérer leurs clients avec le lending de stablecoins). Mais le Web3 comme on le nomme n'en a pas terminé avec les régula-teurs. C’est ainsi que le rappelle le HCSF où la prochaine vague régle-mentaire devrait venir des orga-nismes internationaux : le Conseil de stabilité financière et le Comité de Bâle qui regroupe les gouver-neurs de la Banque centrale euro-péenne et les superviseurs des 27 pays et établit les règles pruden-tielles du secteur.
LE RISQUE SYSTÉMIQUE DU MARCHÉ DES CRYPTOS
Dans son rapport, le HCSF, qui sur-veille donc le risque systémique du secteur financier en France, s'est penché sur le marché des crypto- actifs. Il conclut que le secteur« ne semble pas représenter à ce stade un risque systémique, de par sa taille relativement limitée et des interconnexions faibles avec la finance traditionnelle ». Il relève cependant un « manque de données fiables » et « la crois-sance des canaux de contagion du fait de l’intérêt croissant d’in-vestisseurs traditionnels », qui le conduisent à juger une « nécessaire réglementation internationale ».Ces canaux de contagion sont le développement de services de règlement en crypto-actifs par les grands acteurs du secteur du paie-ment (Visa, Mastercard...) et de placements comme les exchange-traded funds (ETF)6 indexés sur des cryptomonnaies, la création de produits dérivés et la composition des réserves servant d'adossement à certains stablecoins.Les risques liés à ces marchés sont par contre multiples avec tout ce que l'on ne veut pas connaître en tant que non-initiés : volatilité, produits à effet de levier, absence de transpa-rence, complexité, gouvernance des organisations décentralisées auto-nomes, failles de sécurité, piratages, anonymat des transactions... Bref, que du bonheur !
ET L'AVENIR DANS TOUT CELA ?
Pour certains pays, la cryptomon-naie est l’avenir de la finance. C'est par exemple le cas des Etats-Unis (ce qui n'est pas étonnant !) où conservateurs et démocrates sont au moins d’accord sur un sujet ! Mais il faut avant tout que les régulateurs du monde entier s’entendent sur un cadre de réglementation, ce qui – vu le contexte actuel – est peu pro-bable. Mais l’utilisation ascendante des cryptomonnaies doit inciter les politiciens à agir (très) rapidement afin de créer des réglementations ad-hoc.L’affaire de FTX, considérée il y a quelques mois encore comme la deu-xième plus importante plateforme d'échanges avec une valorisation de 32 milliards de dollars, a déposé son bilan le 11 novembre dernier, faisant plonger le marché des cryptomon-naies dans le rouge.Il y a à peine plus d’un an, le cours de FTX se traitait à 73 dollars, puis est brutalement descendu à une ving-taine de dollars puis 1,50 dollars...Si on en est arrivé là, c’est que son fondateur s’est servi d’une très grosse partie des fonds – 10 mil-liards sur les 16 milliards déposés par ses 100 000 clients – pour finan-cer l’activité d’un fonds d’investisse-ment et de trading fondé aux Baha-mas. Une opération formellement interdite en principe qui aurait été rendue possible par le piratage de sa propre plateforme à la demande du gouvernement des Bahamas !La cryptomonnaie, pour devenir pé-renne, doit donc avoir une réglemen-tation internationale stricte et abou-tie comme nous l'avons vu plus haut – et pas seulement européenne – afin que la cryptomonnaie ne devienne pas un risque potentiel et surtout un effondrement du système. Dans le cas de FTX, les utilisateurs ne savent pas s’ils vont un jour récu-pérer leurs fonds, car en plus de ce blocage, le hackeur présumé aurait vidé quelques heures après le dépôt de bilan 663 millions de dollars...
RÉFÉRENCES
◆ 1. La blockchain (chaine de bloc) est une technologie de stockage et de transmission des informations, prenant la forme d'une base de données avec la particularité d'être partagée simultanément avec tous ses utilisateurs et qui ne dépend d'aucun organe central. Son atout principal est d'être rapide et sécurisée.
◆ 2. L’altcoin est la contraction de « alternative coin » (c’est-à-dire une autre pièce/monnaie) et désigne toutes les cryptomonnaies autres que le Bitcoin
◆ 3. Un wallet (portefeuille en anglais) est une interface présentant une clé publique, pour recevoir des fonds, et une clé privée pour y accéder.
◆ 4. Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) est l’organisme chargé de veiller à la stabilité financière en France.
◆ 5. MiCA (Markets in Crypto-Assets) et TFR (Transfer of Funds Regulation).
◆ 6. Les investissements dans les ETF permettent de se lancer tout en limitant les risques grâce à la diversification de ses investissements (Source : amf-France).