Chers amis, chers collègues,
L'année 2024 se présente comme une année charnière pour le monde, jamais autant d'élections n’auront lieu en même temps, dont les résultats pourraient entraîner par effet domino des changements sociétaux considérables.
L'évolution des sociétés, notamment européennes, les met en demeure d'être plus à l'écoute de la base, et l'accélération des décisions prises au sommet sans concertation suffisante avec la base ne passe plus. Dans le domaine de la santé, la marche forcée vers la numérisation s'effectue avec des soubresauts car nous devenons les producteurs de la nouvelle pépite d'or du marché mondial : l'accumulation à marche forcée des données.
Tout le monde est intéressé par la valeur que représentent les données médicales avec des objectifs identiques depuis des dizaines d'années : développer la santé publique et la prévention en vue de réduire les dépenses au risque d'écorner le secret médical.
Curieusement cette nécessité de réduire les dépenses ne cesse jamais d'être remise sur le tapis, c'est une course pour atteindre l'horizon...
La numérisation va s'accompagner de l'intelligence artificielle qui va bouleverser en profondeur la santé, la pratique médicale et probablement la place des médecins et des paramédicaux dans nos sociétés. Les transformations se sont imposées assez rapidement : la dictée vocale a éliminé
le secrétariat, les logiciels ont numérisé nos actes, modifié la comptabilité et accéléré les contrôles.
ChatGPT va modifier bon nombre de textes, mémoires, thèses, conférences et nous n’en sommes qu'au début mais avec une accélération jugée exponentielle par les experts et qui ne sera pas toujours bénéfique. Le monde médical n'a pas encore pris la mesure de ce que seront les nouvelles modalités de travail que l'intelligence artificielle ChatGPT va nous apporter. Dans leurs projets de réduction des dépenses, nos autorités de tutelle ont complètement misé sur la numérisation, les téléconsultations, les délégations de tâches sans tenir compte des intéressés, considérés toujours trop conservateurs dans leurs critiques...et c'est la pandémie Covid qui a joué le rôle d'arbitre !
Pour la première fois au monde, les thèses imaginées par les politiques ont été confrontées en temps réel et en totalité à une vraie réalité d'usage imposée par le confinement. Après un an et demi de ce régime drastique imposé à l'ensemble du monde du travail, les analystes ont commencé à sortir leurs données et constaté beaucoup de changements et de dégâts. La concentration devant les écrans a conduit certains à ne plus sortir chez eux, à ne plus travailler et à se désocialiser. Les difficultés scolaires, les maladies psychiques et des pathologies physiques se sont développées.
Le confinement a aussi accéléré l'utilisation des réseaux sociaux avec leur corollaire des fausses vérités, amplifiées dans l’instant, sans capacité de critiques avec la mise à mal des informations scientifiques et d'analyses, créant une scission dans la société. L'OMS a d'ailleurs récemment fait connaître l'une de ses grandes inquiétudes : le déploiement des fake news ou fausses vérités en français, déjà utilisées par des
politiques et pas des moindres. Les quelques avantages sont à mettre sur le compte de l'accélération de l'usage de l'outil et de l'accès à l'information mais il conviendra de les rendre plus lisibles.
Notre métier a été impacté par l'usage intensif des téléconsultations faisant oublier à certains que le rôle du médecin est avant tout un échange humain, de contact. Mais après un an et demi de ce régime, beaucoup reviennent sur cette pratique professionnelle du chez soi devant un écran à un besoin de retrouver les fondamentaux, le lien, le regard, la présence physique. En médecine, nous constatons chez nos jeunes collègues, une tendance à se méfier des réseaux sociaux et à revenir vers les enseignements universitaires ou qualifiés pour prolonger leur formation, ou encore à des pratiques plus classiques où l'informatisation et le cumul des données se doivent de revenir à des outils d'aide mais au second plan.
À nous, les plus anciens, de les accompagner dans ce retour vers des pratiques qui nous ont comblés, nous adaptant progressivement aux réels bénéfices de ces nouvelles technologies.